La Commune de Paris au jour le jour : 1871, 19 mars-28 mai- Elie Reclus
Élie Reclus (1827-1904), proscrit par le coup d’État du 2 Décembre 1851, puis en 1871 par la répression versaillaise, frère et collaborateur du grand géographe, d’abord fouriériste, démocrate, maçon, journaliste et fondateur d’associations coopératives, fut, pour la Commune, en charge de la Bibliothèque nationale et membre d’un comité consacré à la réorganisation de l’enseignement primaire. Le Journal qu’il tint durant cette période fut publié en 1908 ; voici le fac-similé intégral de la première édition.
C’est avant tout l’expérience d’une solidarité scrupuleuse, consignée du point de vue du citoyen sans pouvoirs ni affiliation particuliers, et lucide, dont l’exigence et les incertitudes mêmes concourent à la qualité littéraire. Nul volontarisme n’évite le constat des surenchères inouïes et des violences démesurées auxquelles se livrent les Versaillais. Cette assemblée, décrite comme anti-républicaine (la république est comprise au sens démocratique de l’époque), voulut en finir avec le Paris social et la Première Internationale, quelles qu’aient été les possibilités de résoudre la crise de façon à peu près pacifique. Reclus suggère que la bourgeoisie choisit beaucoup plus la répression totale que Paris, dans l’ensemble de sa base, n’envisagea la Révolution, advenue de facto. Celle-ci apparaît déchirée, d’abord par la contradiction entre l’avènement de l’utopie anti-autoritaire et les leurres impératifs de la guerre ; puis entre les instances de la Commune politique que mine la défiance et d’autre part une cité autogérée, étouffée par les bombardements incessants, par l’espionnage et la délation, levée pourtant dans une solidarité tragique.